Toutes les difficultés que j’ignorais sur l’allaitement ne m’ont pas découragée

Toutes les difficultés que j’ignorais sur l’allaitement ne m’ont pas découragée

A l'époque de mes parents (et surtout grands parents), la question de l'allaitement ne se posait quasiment pas, l'émancipation récente de la femme et le personnel médical orientaient les patientes vers le biberon sans même leur poser la question. Aujourd'hui la tendance s'est inversée, et même si le biberon est toujours d'actualité, il faut avouer que l'on est quand même encouragé à allaiter nos enfants. Me concernant, c'était une évidence mais il y a certaines choses que j'aurais aimé savoir avant de vivre cette expérience.Toutes les difficultés que j’ignorais sur l’allaitement ne m’ont pas découragée Toutes les difficultés que j’ignorais sur l’allaitement ne m’ont pas découragée

Lors de mes cours de préparation à l'accouchement pour ma première grossesse, on m'a expliqué les bienfaits de l'allaitement maternel, on m'a décrit les positions possibles pour faire téter, et aussi les "petits désagréments" tel que l'engorgement ou les crevasses. Mais à aucun moment on ne m'a préparée au fait que donner le sein c'est loin d'être inné! Je pensais que la nature était merveilleusement bien faite et que mon enfant viendrait naturellement téter et que l'allaitement se ferait naturellement. Si vous faites partie de ces mamans là, félicitations. Mais la suite de mon article risque de ne pas vous intéresser.

Des débuts parfois déroutants

A la naissance, votre bébé ne sera peut-être pas posé sur vous et mis en peau à peau tout de suite (mon cas pour Wendy, ma fille), résultat, pas de tétée de bienvenue, et le fait de faire téter quelques heures plus tard peut rendre les choses plus compliquées (évidemment ce n'est pas systématique je parle de mon vécu). Wendy dormait beaucoup et ne voulait pas boire. J'étais désemparée de voir mon si petit bébé à peine né ne pas se nourrir, l'envie de donner un biberon ne manquait pas. Mais au bout de 24h, avec beaucoup d'aide de la part du personnel médical, elle a fini par tirer un peu sur les seins. Enfin... sur UN sein, je vous passe les détails d'une montée de lait unilatérale... (je ne savais pas que c'était possible), Mademoiselle ne voulait boire que d'un côté. Je vous rassure c'est vite rentré dans l'ordre.

Pour Lewis (mon fils) c'est l'inverse, à peine sorti, il s'est mis à téter, sauf que j'ai accouché à 6h38 du matin un lundi et m'a montée de lait n'est apparue que le jeudi, et malgré le colostrum, il semblait mourir de faim et tétait sans arrêt jour et nuit. Pour le coup, le personnel médical m'a proposé de compléter avec un biberon et j'ai refusé (mais si ça avait été mon premier bébé, je pense que j'aurais craqué).

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L'allaitement, ça fait MAL

On m'a dit pendant ma grossesse que l'allaitement ne fait mal QUE si le bébé est mal placé. FAUX et archi FAUX, j'en ai parlé avec beaucoup de mamans, LES PREMIERS JOURS ça fait mal, au point qu'il m'est arrivé d'allaiter en pleurant. Pour Wendy, ça a duré 5 jours, par la suite, le mamelon s'habitue et devient presque insensible. Pour Lewis c'est différent, j'ai eu mal pendant des semaines, il avait le frein de langue trop court et il tétait très mal. Je vous rassure, il existe des crèmes efficaces et la suite se fait en douceur.

L'allaitement c'est pratique, mais pas toujours

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Pas besoin de biberon, de lait en poudre et d'eau dans le sac à langer. On a du lait partout à bonne température et gratuitement. L'inconvénient, c'est que si vous choisissez l'allaitement à la demande comme moi, vous devez être prête à dégainer le tété n'importe où, n'importe quand (et donc d'avoir la tenue adaptée). J'ai allaité dans ma voiture, chez Ikea, au restaurant, dans une cabine d'essayage, dans les toilettes, à l'église et même pendant des funérailles... Dans la catégorie des désagréments liés à l'allaitement, je ne vous parle pas des jets de lait, des nuits avec un soutien gorge, des coussinets d'allaitement ou de l'auréole de lait qui traverse le T-shirt... Et aussi du caca jaune moutarde qui déborde de la couche une fois sur trois...

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Quand on allaite, on passe beaucoup de temps sur Internet

Notamment sur le site de la Leache league.

Est-ce que j'ai assez de lait? Est il assez nourrissant? (évidemment que oui!) quelle est la fréquence normale? Quand fera-t-il ses nuits? Est-ce que j'ai un REF? Les selles de mon bébé sont vertes pourquoi? Mon bébé fait caca tous les 8 jours dois-je m'inquiéter? Bref, un milliard de questions que l'on se pose.

Plutôt que d'aller sur internet où l'on peut facilement se perdre dans le flot d'informations, je vous conseille de voir une consultante en allaitement, ou une sage-femme qui peut voir vos tétées en direct et vous donner des conseils personnalisés (en plus c'est remboursé).

Les contraintes alimentaires ne sont pas terminées

Avec l'allaitement, les bébés ont généralement moins de coliques. Personnellement, mes deux bébés n'en n'ont jamais eu. En revanche Lewis est hypersensible des intestins (comme la plupart des mecs non?!), si j'ai le malheur de manger trop de laitages, de crudités ou pire du brocoli ou des haricots, vous pouvez être certain qu'il va se tortiller pendant des heures... (façon polie de dire qu'il ne va pas arrêter de péter!). Et puis on n'oublie le verre de vin blanc avec les copines, pas très grave me direz-vous, mais tout de même un peu frustrant après 9 mois à faire Sam...

"C'est la grossesse qui abîme les seins, pas l'allaitement"

Mouais... Je ne suis pas du tout convaincue par cette théorie. Vos seins passent leurs temps à gonfler et dégonfler, alors forcément ça à un impact sur l'élasticité de la peau. Pour Wendy j'étais désespérée, en aillant allaité 3 mois et demi c'est seulement au bout de un an que j'ai récupéré une ombre de poitrine... Point de vue sensations avec le chéri? Inexistantes... Du moins un certain temps.

Lors de ma seconde grossesse j'ai redécouvert les joies d'avoir des seins, (merci les hormones!). On verra bien quelques mois après la fin de l'allaitement, mais pour en avoir parlé avec beaucoup de mamans, la poitrine ne revient jamais comme avant. Et c'est pire pour les petits que pour les gros (je sais c'est dégueulasse...)

Le sevrage peut être difficile

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Le plus gros point noir selon moi. J'ai terriblement souffert de devoir arrêter mon allaitement pour reprendre le travail, j'ai tenté de tirer mon lait (autre chose dont on pourrait parler...) mais avec des journées de 10 heures au travail, c'était impossible et puis Wendy ne voulait tout simplement pas du biberon. Nous avons dépensé une fortune pour tous les laits en poudre et biberons possibles. Les jours précédant la reprise, on a tout essayé, moi, papa, tatie, mamie. Nous avons dû lui donner des pots très vite et elle a fini par prendre le biberon mais jamais avec autant d'appétit qu'au sein. Bref on ne prépare pas assez les parents au fait que le sevrage, c'est pas facile et c'est angoissant.

La pression sur les épaules

Une maman qui nourrit son bébé est responsable de sa santé, de sa prise de poids. C'est vrai mais il y a évidemment d'autres facteurs à prendre en compte, comme un RGO (reflux gastro-oesophagien, NDLR) par exemple. Il n'empêche que pour l'entourage, le responsable de ces problèmes, c'est souvent vous. Et même les pédiâtres ont leur mot à dire.

Si vous avez comme moi un docteur formidable qui vous encourage à persévérer, un conseil, gardez-le! En revanche, certaines mamans ont entendu des paroles très blessantes remettant en cause leurs capacités à nourrir leur bébé. Le plus souvent dû à une prise de poids insuffisante. Certaines en viennent à abandonner l'allaitement. Avant d'en arriver là, prenez un deuxième avis.

Une autre forme de pression vient des "conseils" que l'on vous donne, il y a des bons conseils et puis il y a ceux qui arrivent à vous faire douter. Ma propre mère qui pourtant est la première personne que j'appelle pour demander conseil, à réussi à me faire douter de mon allaitement. Difficile d'entendre "il tète encore? ça fait pas longtemps qu'il a mangé.", " il ne fait toujours pas ses nuits? tu devrais donner un biberon."

Attention, vous risquez même de vous prendre comme réflexion que vous êtes égoïste car personne ne peut nourrir cet enfant à part vous. Cela part d'un bon sentiment mais votre instinct en prend un coup...

La dernière forme de pression est pour moi toujours autant difficile à comprendre. Le jugement des gens dans les lieux publics. En plus des regards parfois blessants il m'est arrivé d'entendre des paroles violentes: "Elle ne peut pas faire ça ailleurs?"; "C'est de la provocation." "Quelle image elle donne à nos enfants???" Non mais vous y comprenez quelque chose vous? Je risque de choquer un enfant! Par contre, fumer en terrasse avec sa copine et laisser son mioche devant une tablette pendant deux heures ça c'est acceptable. Le pire dans tous ça, c'est que mon mari en vient à être gêné, pour lui par exemple ce n'est pas adapté d'allaiter au restaurant pendant que les gens mangent (je précise que je cache toujours avec une écharpe). Ne vous prenez pas la tête avec tous ça, n'écoutez que vous et votre instinct.

Donc, pour conclure, l'allaitement, c'est donner beaucoup de temps et sacrifier un peu son corps. Je vous donne certainement l'image d'une maman écœurée et blasée par l'allaitement maternel et pourtant, bien au contraire. Pour moi, c'est une sensation magique, un lien unique qui prolonge le fait de ne former qu'un avec son bébé. C'est un moment d'échange de regards, de caresses... Voir son bébé endormi dans ses bras avec une goutte de lait qui coule le long de sa joue, c'est tellement gratifiant.

Avec un deuxième, c'est beaucoup plus simple et naturel, je pense qu'on se sent plus en confiance et que le bébé le ressent. Je peux même vous dire que ma tétée favorite c'est celle de la nuit, rien que nous deux dans le calme absolu.

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Peu importe le choix que vous ferez, ce sera le bon. N'allaitez pas uniquement parce que c'est bon pour eux. Faites le parce que vous en avez envie. Il vaut mieux un bébé nourri au biberon avec amour qu'un bébé allaité à contre-cœur. Et puis de nombreuses mamans n'allaitent que quelques jours ou quelques semaines, et c'est déjà super!

N'hésitez pas à partager avec moi vos expériences ou à me poser des questions, je répondrai avec plaisir.

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Lola P.

Maman et auteure du blog Des jouets dans mon salon