Votre potager urbain dans un bac | Le Journal de Montréal

Votre potager urbain dans un bac | Le Journal de Montréal

Si vous n’avez pas accès à une parcelle de terre ou si vous souhaitez créer un potager là où il n’y a tout simplement pas de sol accessible – par exemple, dans un stationnement ou dans une ruelle –, vous pouvez envisager de cultiver vos légumes et fines herbes dans un bac.

Un bac potager sur pattes

Un bac potager surélevé a l’avantage d’éloigner les cultures de la rue et ainsi éviter que de l’eau de ruissellement transportant divers contaminants tels que des hydrocarbures puisse atteindre le sol dans lequel sont plantés les végétaux comestibles.

Le bois est le matériau que la plupart des gens choisissent pour la construction de bacs potagers. Vous pouvez aussi opter pour un matériau imputrescible comme le bois composite, la pierre ou des plaques d’acier.

Photo courtoisie, Albert Mondor

Bien que le bois soit un matériau très répandu et peu dispendieux, il peut pourrir rapidement au contact de la terre. Optez donc pour un bois très résistant tel que le chêne ou le thuya – communément appelé cèdre –, et assurez-vous de recouvrir la partie interne des parois avec du polystyrène extrudé ou avec une membrane géotextile épaisse, idéalement plastifiée.

Évitez à tout prix le bois traité et utilisez plutôt du bois torréfié, puisqu’en plus d’être peu sujet à la pourriture il n’émet aucune substance toxique. Vous pouvez même brûler le bois vous-même à l’aide d’une torche de soudure. Cette technique japonaise ancestrale, appelée shou-sugi-ban, empêche les micro-organismes du sol de décomposer le bois.

Afin que la carbonisation protège efficacement le bois, les planches doivent être brûlées sur au moins trois millimètres d’épaisseur. Si le bois n’est pas suffisamment brûlé en profondeur, la croûte de carbone protectrice disparaîtra après quelques pluies seulement.

La table potagère

Photo courtoisie, Albert MondorUne table potagère bien aménagée peut devenir un point focal, un élément vedette d’un jardin.

Variante du bac potager sur pattes, la table potagère permet la culture de végétaux comestibles en milieu urbain lorsqu’il n’est pas possible de le faire en pleine terre.

La table potagère permet aux jardiniers handicapés qui se déplacent en fauteuil roulant ou à ceux qui n’arrivent pas à se pencher ou à s’agenouiller de profiter du plaisir de jardiner et de récolter des fines herbes et des légumes frais. Comme elle n’est pas directement assise au sol, la table potagère permet aussi d’empêcher les lapins et marmottes de venir croquer les légumes qu’on y cultive.

Solution économique

Photo courtoisie, Albert MondorUne table potagère préfabriquée recouverte d’un agrotextile afin d’empêcher les attaques des insectes ravageurs et des écureuils.

Votre potager urbain dans un bac | Le Journal de Montréal

On peut facilement construire soi-même une table potagère. Il s’agit simplement de récupérer une vieille table que vous possédez ou que vous avez trouvée dans une vente de garage ou sur le bord de la rue – le lendemain du 1er juillet ! –, d’en ceinturer le pourtour avec des côtés en bois, de couvrir l’intérieur d’une toile imperméable ou d’une membrane géotextile et d’y mettre du terreau.

On peut également trouver sur le marché des tables de jardinage préfabriquées en bois, en acier ou autres matériaux. Qu’elle soit neuve ou récupérée, assurez-vous que le fond de votre table de jardinage soit percé de quelques trous afin de permettre à l’eau d’arrosage en surplus de s’écouler.

Le calendrier du jardinier

Travaux à effectuer à la fin de mai :

La consommation des légumes cultivés en ville présente-t-elle un risque ?

Photo courtoisie, Albert MondorDe simples planches de bois composite ont été utilisées pour créer un bac potager autour de cet arbre de rue, sans toutefois ensevelir le collet de son tronc.

Quelques études scientifiques menées récemment montrent que la plupart des légumes urbains peuvent être consommés sans problème, en veillant tout de même à prendre certaines précautions.

En milieu urbain, particulièrement près des grandes artères routières, il est fort probable que de la poussière et de la suie provenant de la combustion des moteurs diesel se déposent sur les feuilles et les fruits des plantes potagères. Certains contaminants présents dans le sol peuvent aussi être absorbés par les végétaux comestibles, notamment par les légumes-racines.

Comme les légumes-fruits, les légumes-feuilles et les légumes-racines absorbent les substances nutritives et accumulent les polluants différemment, trois types de plantes potagères ont été testées dans le cadre d’une étude scientifique menée par des chercheurs de l’Université du Kansas et publiée en 2015 dans le Journal of Environmental Quality. La majorité des tomates et des choux cultivés au cours de l’expérience affichait des taux peu élevés de polluants, en revanche, les carottes recelaient de fortes quantités de plomb.

Des scientifiques de l’Université technique de Berlin ont aussi découvert que certains légumes-racines, tels que les carottes et les navets, cultivés dans les zones urbaines où le trafic routier est élevé contenaient des quantités élevées de métaux lourds. Les résultats de leur étude montrent que les échantillons qui présentent un taux de polluants moins élevé correspondent à des potagers localisés dans les zones de la capitale allemande où se trouvent certains obstacles limitant la contamination par les métaux lourds, comme des bâtiments, la présence d’une forêt urbaine dense ou une importante quantité de parcs et de jardins privés.

Dans les jardins privés, les polluants atmosphériques de grosse dimension comme les poussières et la suie se déposent sur les feuilles, mais sont peu absorbés par les plantes. Il s’agit donc de bien nettoyer et de laver les légumes-fruits et les légumes-feuilles avant de les consommer. Quant aux légumes-racines, il est essentiel de les cultiver dans un sol sain, riche en compost et exempt de contaminants – l’idéal étant d’utiliser un terreau commercial à base de compost et de tourbe de sphaigne. Il est également important de bien les nettoyer ou de les peler avant de les consommer.

Cependant, les plantes comestibles cultivées aux abords d’artères passantes peuvent être exposées plus facilement aux polluants, particulièrement aux huiles, graisses et hydrocarbures, au moment des pluies où ces substances risquent d’atteindre les végétaux à cause des éclaboussures et du ruissellement. Il est donc préférable de cultiver les plantes potagères en bac surélevé, à une distance minimale de trois ou quatre mètres d’une route.

Construire un bac potager en 5 étapes

Photo courtoisie, Albert MondorLes bacs potagers dont les parois sont en acier durent de nombreuses décennies.

1. Installez votre bac potager au plein soleil

Si vous voulez récolter des légumes en abondance, il vous faut idéalement installer votre bac potager dans un endroit très ensoleillé, loin des arbres matures. Bien que certains végétaux comestibles, comme la bette à carde, la carotte, l’épinard, la menthe et le persil, tolèrent un peu d’ombre, la majorité des plantes potagères nécessitent au moins six heures d’ensoleillement par jour pour bien croître et se développer.

2. Utilisez un matériau durable

Pour fabriquer les parois de votre bac potager, utilisez idéalement un matériau durable comme du chêne ou du cèdre, du bois composite, de la pierre ou des plaques d’acier. Cependant, n’hésitez surtout pas à récupérer certains matériaux pour la confection de votre bac. Des parois faites de ballots de paille, de branches d’arbres tressées, de vieux blocs de béton ou d’un ponceau en métal donneront assurément beaucoup de charme et d’originalité à votre bac potager tout en diminuant significativement le coût de sa construction.

3. Fabriquez un bac profond

Il n’y a pas vraiment de règles précises quant aux dimensions que devrait avoir un bac potager. Toutefois, afin que les plantes potagères s’enracinent profondément et qu’elles aient une production maximale, il vous faut un bac dont les parois font au moins 40 à 45 cm (16 à 18 po) de hauteur. Quant à sa largeur, elle ne devrait pas faire plus de 90 cm (3 pi), sans quoi il vous sera difficile d’avoir accès au centre du bac pour pouvoir désherber, arroser et récolter.

4. Ajoutez du terreau

Si votre bac est disposé directement sur la terre, il est possible de la récupérer, après avoir enlevé le gazon, et d’y mélanger du compost afin d’obtenir la hauteur désirée. Par contre, si vous installez votre bac sur une surface asphaltée ou bétonnée, ou sur un sol contaminé, il est alors nécessaire de le remplir de terreau commercial en prenant bien soin de séparer celui-ci du sol existant à l’aide d’une membrane géotextile épaisse, mais perméable.

5. Créez des allées

Si vous construisez plusieurs bacs pour réaliser votre potager, assurez-vous de les installer à une distance de 30 à 45 cm (12 à 18 po) les uns des autres et, sur les allées ainsi créées, épandez une épaisse couche de paillis organique ou minéral afin d’éviter d’avoir à les désherber constamment. Vous pouvez installer une membrane géotextile ou des sacs de plastique épais récupérés sous le paillis afin d’empêcher la croissance de toute herbe indésirable.