Une saison hivernale dans le désordre | La Presse

Une saison hivernale dans le désordre | La Presse

On ne peut pas dire que les séries québécoises sont ennuyeuses cet hiver avec une secte de gens obsédés par des trapèzes et des tributs, un huis clos dangereux arrosé de boisson DSTROY, une triple vie écartelée entre Bromont, Magog et Montréal, ainsi qu’une tombe verticale dans la grange d’une famille amish à la campagne.

Publié hier à 7h15

Tel Transports Canada dans le dossier du célèbre vol de Sunwing entre Montréal et Cancún, c’est le temps d’examiner tout ça à la loupe. Cette chronique ne va certainement pas « give up », oh non.

À TVA, L’échappée est passée en mode NXIVM extrême. Le Keith Ranière de Sainte-Alice-de-Rimouski, je parle ici du gourou Jean-Simon (Steve Gagnon), endoctrine ses ouailles à grands coups d’homéostasie, de responsabilité croisée et de principe d’étanchéité. Que signifie ce charabia ? Aucune espèce d’idée. Mais c’est diablement divertissant.

Quand on pense que ce téléroman thriller est allé le plus loin dans le glauque et le bizarre, ta-dam ! on découvre qu’il existe un autre sous-sol à explorer. Et on y descend avec les acteurs. La très perdue Joëlle (Laurie Babin) a même dû se faire tatouer les mots « voleuse, menteuse, pute » dans le bas du dos. Joëlle pèse ses aliments, se punit pour ses manquements et subit la torture mentale de Jade (Charlotte Aubin), qui déverse sur elle ses théories fumeuses de trapèze et de sœur-témoin dans de grandes robes en lin vaporeuses.

Le mouvement complotiste mis de l’avant dans L’échappée vient également avec un langage codé qui inclut les expressions grand renversement (le fameux GR), le célèbre X, le gouvernementeur, les merdias et big pharma qui gave ses pantins de pilules – on se croirait sur le fil Twitter de (insérez ici le nom d’une actrice connue/déchue).

Toute la vie à Radio-Canada ne donne pas sa place non plus en matière d’images difficiles à regarder. Le viol de Berthe (Laurie Babin) par son père détraqué, Samuel (Paul Ahmarani), le frère de Berthe, Lothaire (Robin L’Houmeau), qui l’emmure dans la grange, qui lui pose un sac de plastique sur la tête pour l’étouffer et qui creuse ensuite sa tombe, il fallait avoir le cœur solide pour endurer les cris d’effroi de cette pauvre Berthe, seigneur du bon Dieu, dont la jeune sœur Bernadette était sur le point de subir les mêmes sévices.

Une saison hivernale dans le désordre | La Presse

Le suicide de Julie L’Allier (Larissa Corriveau), mère des jumelles séropositives Élodie et Mélodie, a donné lieu à une scène hyperpoignante.

Son frère Christophe (Roy Dupuis) a bercé son cadavre et l’a étreinte une dernière fois comme elle aurait voulu que sa mère inadéquate (Micheline Lanctôt) le fasse. Sortez les mouchoirs.

Maintenant, que penser de la petite Lili, 12 ans, enceinte et droguée au GHB à son insu ? La mère (Geneviève Boivin-Roussy) en beurre épais et ne paraît pas blanche comme neige. Quelle affaire tordue. Quand on dit que la télé nous sort de nos petits problèmes, en voilà un exemple criant.

Du côté d’Aller simple de Noovo, une belle surprise de l’hiver, le portrait se précise. Le pilote bizarre Guillaume Frenet (Marc Beaupré) communique en cachette avec sa copine, merci téléphone satellite. Et l’excentrique milliardaire Robert Beaulac (Germain Houde) joue les innocents devant la détective Juliette Michaud (Anick Lemay). Cette dernière, que j’aime beaucoup, en a vu d’autres. Beaulac est un croche. Et il ne manigance vraisemblablement pas seul. Son fils semble dans le coup, également.

Aussi sur la liste des personnages pas nets : le conjoint de Juliette, joué par Jean-Nicolas Verreault. Il en sait beaucoup trop sur les capsules vidéo « méchant trou de cul » à propos des disparus de Val-Beaulac.

Le troisième épisode d’Aller simple, relayé mercredi soir, a donné un gros morceau du puzzle : l’organisateur de ce jeu funeste en huis clos vit dans le chalet et fait donc partie des sept passagers de l’hélicoptère. C’est à cette personne que le pilote taciturne Guillaume laisse des messages dans la boîte métallique cachée sous le lavabo.

Qui est le ou la maniaque du groupe ? Ce n’est pas l’avocat (Éric Bruneau) ni Mme DSTROY (Anie Pascale), tous deux morts. Ce n’est pas non plus le marchand d’art véreux (Rémi-Pierre Paquin), qui a été mis K.-O. par un empoisonnement à la racinette. Ça ne peut pas être sa maîtresse (Nathalie Doummar), qui s’est greffée au voyage à la dernière seconde.

Il reste le policier déchu (Samian), la femme d’affaires supersecrète (Caroline Dhavernas) et le prof retraité aux comportements étranges (Luc Picard). J’adore Aller simple. Dommage qu’il ne reste que trois épisodes, ça passe trop vite.

Autre nouveauté fort intéressante chez Noovo : L’homme qui aimait trop, dont le troisième épisode a exposé la vie secrète de Marc-Alexandre (Patrice Godin). Ses deux ados Colombo, campées par Romy Bouchard et Milya Corbeil-Gauvreau, ont remonté la piste grâce à un chandail de laine oublié dans la salle de bains. Il fallait bien que Marc-Alexandre en échappe une. Son plan ne pouvait pas être infaillible aussi longtemps.

Finalement, le charme opère toujours avec Les bracelets rouges de TVA. L’épisode de cette semaine a probablement été le plus triste du lot, mais la lumière finit toujours par s’infiltrer dans les chambres d’hôpital des jeunes malades.

Et non, je ne vous citerai pas ici la fameuse « craque » de Leonard Cohen et la lumière qui s’y faufile parce que c’est aussi usé que les chandails extra-amples de Lou (Milya Corbeil-Gauvreau).