Après le pic de naissance, les jeunes agneaux ont encore besoin d’attention

Après le pic de naissance, les jeunes agneaux ont encore besoin d’attention

Les jeunes agneaux au pâturage commencent à manger de l’herbe. Cependant, un agneau ne peut survivre sans une quantité suffisante de lait pendant les 5 premières semaines de sa vie et il ne se développera correctement que si le lait maternel est disponible en quantité suffisante pendant environ 8 semaines.

Détecter l’infection mammaire

Un problème de production de lait peut survenir si une brebis souffre, par exemple, d’une mastite. L’inflammation de la mamelle peut être causée par plusieurs organismes. La fièvre catarrhale est la forme la plus spectaculaire. Dans ce cas, la mère tombe gravement malade et, si elle survit, le tissu de la mamelle meurt et tombe ensuite. Avec une intervention rapide de votre vétérinaire, la mort de la mère peut être évitée, mais la mamelle de la brebis est perdue pour l’avenir. Il est évident que les agneaux doivent être séparés de la mère. S’ils ont moins de 7 à 8 semaines, ils doivent être nourris au biberon quatre fois par jour. Il n’est pas facile de faire boire des agneaux qui ne sont pas habitués au biberon. Même la patience n’est pas toujours récompensée. Lorsqu’ils atteignent 15 kg, les agneaux peuvent se passer de lait, à condition qu’ils puissent manger des aliments concentrés ainsi que de l’herbe. À cet âge, avec l’herbe seule, la croissance sera limitée.

On peut détecter d’autres formes de mammite par l’observation attentive des brebis en lactation en troupeau. Si l’une d’entre elles semble boiter sur une des pattes arrière, un voyant orange doit immédiatement s’allumer, car cela indique généralement qu’une moitié de la mamelle est déjà très enflammée. Un traitement immédiat est nécessaire. Chez une brebis avec 2 agneaux, l’un ou les deux petits ne pourront en général plus téter. Si le traitement nécessaire est administré, la douleur s’atténuera au bout de quelques jours et la tétée sera à nouveau autorisée, mais en règle générale, on peut supposer que la moitié de la mamelle infectée ne produira plus assez de lait, voire plus du tout, pour nourrir suffisamment l’agneau qui tétait de ce côté. Cette moitié de la mamelle sera très probablement également perdue pour l’avenir. Il faudra donc trouver une solution pour le jeune agneau privé de lait et envisager de se séparer de la brebis après la saison.

Si une brebis allaite 3 ou 4 agneaux, outre des problèmes de mamelles, on peut parfois constater une différence de taille entre les petits. En effet, certains agneaux dominent la tétée et les plus petits reçoivent trop peu de lait. Si on leur apprend à boire un peu de lait (artificiel) au biberon peu après leur naissance et qu’ils ont accès à du lait en poudre plusieurs fois par jour, ces agneaux peuvent rester sans problème avec leur mère. Si on les laisse livrés à eux-mêmes, ils peuvent se contenter d’aliments solides mais avec une croissance beaucoup plus lente, mais également s’affaiblir davantage suite à une attaque de coccidiose (voir ci-dessous) ou carrément mourir.

Nutrition : fourrages grossiers, lait et concentrés

Afin de rendre les agneaux plus résistants et de favoriser leur croissance, il est conseillé de leur donner la possibilité d’absorber des fourrages grossiers dès la semaine suivant leur naissance. Au pâturage, il s’agira logiquement d’herbe, mais à l’étable aussi il faut veiller à ce qu’ils puissent commencer à goûter au foin ou à l’ensilage préfané s’ils le souhaitent. À deux semaines, il est conseillé de leur donner la possibilité d’apprendre à manger des concentrés. Si un agneau ne reçoit pas assez de lait, il compensera rapidement en mangeant plus de foin ou d’herbe. N’oubliez pas néanmoins qu’un agneau ne pourra atteindre une croissance maximale de 30-35 kg uniquement avec des fourrages grossiers et sans lait ni aliments concentrés. Les concentrés supplémentaires peuvent être donnés aux jeunes agneaux en les plaçant dans une pièce à laquelle seuls les agneaux ont accès grâce à une petite ouverture.

La prévention de l’entéroxémie

Après le pic de naissance, les jeunes agneaux ont encore besoin d’attention

Parfois, lorsqu’il est nourri généreusement, l’un des agneaux les mieux portants peut soudainement être retrouvé mort. Ce phénomène est le résultat de l’entérotoxémie. Il s’agit d’une forme d’auto-empoisonnement résultant d’un développement bactérien excessif dans l’estomac et les intestins. La mort de ces bactéries libère des toxines (poisons), qui agissent sur le système nerveux et qui, en peu de temps, après quelques mouvements spasmodiques des jambes, entraînent la mort. Il n’y a pas de remède à cela. La solution réside dans la prévention. Afin de protéger les agneaux durant les premiers mois de leur vie, elle consiste à vacciner les mères dans le mois qui précède leur naissance. Les agneaux recevront ensuite des anticorps qui les protégeront pendant 2 à 3 mois via le colostrum. Lors du sevrage des agneaux, il est conseillé de les vacciner contre l’entéroxémie afin de les protéger davantage contre cette mort subite au cours de leur deuxième phase de vie.

La coccidiose

Les jeunes agneaux sont sensibles à la coccidiose dès l’âge de 4 à 8 (à 12) semaines. Ces derniers temps, nous avons connu un temps froid et parfois humide. Ces conditions augmentent considérablement la probabilité de coccidiose chez les agneaux. La coccidiose est une menace pour de nombreuses espèces animales dans le monde. Le risque d’infection est présent dans toutes les exploitations ovines. La coccidiose est causée par des organismes unicellulaires qui endommagent la paroi intestinale. Ces organismes protozoaires appartiennent à l’une des espèces d’Eimeria. Deux d’entre elles peuvent provoquer une maladie intestinale infectieuse chez les jeunes agneaux : Eimeria ovinoidalis et Eimeria crandallis.

Le cycle de vie des coccidies

Un agneau ingère des œufs ou des oocystes de parasites par l’intermédiaire d’une eau potable contaminée ou d’aliments avariés. Ces oocystes peuvent provenir d’animaux adultes (les mères). Les animaux plus âgés peuvent excréter des quantités limitées d’oocystes. Dans la période entourant la mise bas, une excrétion accrue peut se produire. Les oocystes sont très résistants au froid, à la chaleur ou à la désinfection (chimique) et passent l’hiver dans les pâturages.

Sous l’influence des sucs digestifs, les sporozoïtes se développent à partir des oocystes et pénètrent dans les cellules de la muqueuse intestinale. Là, différentes phases de multiplication asexuée peuvent avoir lieu. Après cela, une phase de multiplication sexuelle a lieu. Cela aboutit finalement à la formation de nouveaux oocystes qui, après rupture de la paroi cellulaire, se retrouvent dans le contenu intestinal et sont donc excrétés dans les fèces et peuvent infecter de nouveaux animaux. Le temps entre l’absorption d’un oocyste et l’excrétion de nouveaux oocystes est de 12 à 20 jours. Un oocyste peut donner naissance à des millions de nouveaux oocystes chez l’agneau. La propagation d’une infection peut être rapide et spectaculaire.

Si les jeunes agneaux absorbent des oocystes par la nourriture ou la boisson, le (premier) cycle interne commence. Si les agneaux ont reçu suffisamment de bon colostrum à la naissance, ils sont protégés pendant 2 à 4 semaines. Les agneaux âgés de 4 à 12 semaines sont particulièrement sensibles à la maladie.

Qu’arrive-t-il à l’agneau ?

Après avoir été ingérées par l’eau ou la nourriture, les coccidies attaquent la paroi intestinale. Les cellules intestinales sont endommagées et les nutriments sont donc moins bien absorbés. D’autre part, l’endommagement des cellules entraîne une perte de liquide et de sang. Ce sang est digéré dans l’intestin et nous obtenons du fumier d’une couleur spécifique foncée à noire.

Les agneaux souffrant d’une infection légère développent une immunité. En cas d’infection plus élevée, la paroi intestinale endommagée affecte le processus de digestion, avec une absorption moindre des nutriments, mais il arrive aussi que l’on observe une diminution de l’appétit, une réduction de la consommation d’aliments et, par conséquent, une réduction de la croissance.

En cas d’infection grave, on observe une diarrhée (de couleur noire ou sanglante). Ces agneaux poussent le dos courbé pour faire leurs besoins, le mouvement est souvent accompagné d’un bruit plaintif. Il peut également en résulter un prolapsus du rectum. La découverte de poussées constantes et de diarrhées chez un ou plusieurs agneaux doit être plus qu’un signal orange pour l’éleveur de moutons. Une action urgente est alors plus que souhaitable, mais il est parfois déjà trop tard pour les agneaux gravement atteints.

Les agneaux plus âgés, qui ont développé une immunité, peuvent encore excréter eux-mêmes des oocystes. Cela signifie que si les jeunes agneaux sont avec des agneaux plus âgés dans l’étable ou dans le pâturage, les jeunes agneaux seront soumis à une forte pression de maladie. Il est donc conseillé d’éviter d’introduire de jeunes agneaux dans un groupe d’agneaux plus âgés. Un pâturage réfléchi peut également être utile. Le pâturage avec de jeunes agneaux dans des conditions humides/froides pose souvent des problèmes. Les agneaux les plus faibles sont généralement les plus touchés. La mortalité est fréquente. Les animaux qui ont récupéré présentent souvent un retard de croissance important.

La coccidiose étant une maladie de groupe qui se manifeste souvent chez les jeunes agneaux âgés de 4 à 6 semaines, il est recommandé de traiter tous les agneaux du groupe en cas d’épidémie. Il existe de bons médicaments, demandez conseil à votre vétérinaire.

Une bouche croûtée et douloureuse

L’ecthyma est une maladie contagieuse de la peau et des muqueuses qui provoque des cloques et des croûtes sur la peau, généralement autour de la bouche, mais il peut aussi être transféré à la mamelle et donner lieu à une inflammation de la mamelle. L’agent causal est un virus qui appartient aux virus de la variole (virus de la parapoxie). Ce problème se produit principalement chez les agneaux, mais les animaux plus âgés y sont également sensibles. Par la succion, la mamelle de la mère peut être infectée. Les problèmes disparaissent après quelques semaines, mais le virus est très persistant et peut survivre longtemps (entre autres dans les écailles tombées, mais aussi sur les murs, etc.) La maladie se transmet par contact direct. Attention, elle est également contagieuse pour l’homme ! Il n’existe pas de véritable médicament contre cette maladie, seulement une vaccination d’urgence en cas d’épidémie grave.

Au sein d’une exploitation, le virus est généralement introduit en achetant des animaux (ou en participant à des événements). Après une épidémie, les animaux développent une résistance et, chaque année, une petite infestation peut être observée ici et là. Jusqu’à ce qu’un type plus virulent entre dans l’exploitation depuis l’extérieur, il peut alors y avoir une autre épidémie majeure. L’hygiène de l’élevage et le nettoyage complet des étables et des clôtures d’enclos sont fortement recommandés pour éviter ce problème.

D’après André Calus