Le nouveau siège social Saint-Gobain, un IGH pas comme les autres

Le nouveau siège social Saint-Gobain, un IGH pas comme les autres

Batirama.com 26/09/20180

Le nouveau siège social du groupe de construction Saint-Gobain accueillera dès le 2e semestre 2019, 2700 salariés sur 38 étages (44 niveaux au total) à la Défense. Retour sur des choix techniques « inédits ».

Présentation de la Tour Saint Gobain par les équipes de Saint-Gobain, Vinci Construction et Générali. De gauche à droite : Marc Guerpin (Vinci Construction), Hervé Biancarelli (Saint-Gobain), Jean-Marc Pascard (Generali) et Régis Bleugeon (Saint-Gobain). "Il s’agit de l’un des plus importants projets immobiliers en Europe, selon Jean-Marc Pascard, directeur maîtrise d'ouvrage de Generali Real Estate France, qui estime le coût de l'opération « de l'ordre de 300 millions d'euros ». ©F. Leroy

Les 1500 salariés présents au siège social de Saint-Gobain (les Miroirs) plieront bientôt bagage, pour rejoindre leurs nouveaux espaces de travail… à 50 m de leurs anciens bureaux. Au passage, le nombre de salariés doublera quasiment avec 2700 personnes présentes dans les locaux flambants neufs de cet immeuble de grande hauteur (IGH) sur une surface de 49 000 m2.

Les équipes de direction des autres filiales du groupe, aujourd’hui disséminées en région parisienne (Suresnes pour Isover et Placo, le 19e arrondissement de Paris pour la branche de distribution du groupe -Point- P- et Servon (77) pour Weber) rejoindront en effet leurs collègues à la Défense.

A noter que les équipes supports de la filiale de distribution ou celle de Weber continueront à travailler dans leurs anciens bureaux. Ainsi, 1000 personnes environ resteront dans le 19e arrondissement (siège du groupe Point.P), tandis que 500 salariés issues des fonctions RH, finances, marketing et de la direction générale grossiront les effectifs du siège de la Défense. Chez Weber, une centaine de personnes resteront dans les locaux en Seine-et-Marne.

La tour (à droite) conçue par Valode & Pistre est composée de trois parties, un pied, un corps et une tête qui se penche « en signe d’accueil et de bienvenue ». Un assemblage de verre ou « cristaux » fabrique alternativement de la transparence ou de la réflexion, selon les promoteurs du projet. ©DR Valode & Pistre architectes

Transversalité et environnement dynamique

La construction du nouvel édifice, démarré en 2016 se veut une illustration du concept multi-confort de la marque, doublé d’une stratégie respectueuse de l’environnement. Le bâtiment devrait d’ailleurs bénéficier d’une triple certification environnementale : NF HQE associée à la certification Effinergie+, Breaam (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) et la certification américaine Leed (Leadership in Energy and Environmental Design)

A cet égard, notons que l'ancien siège des Miroirs construit au début des années 80 ne répondait plus ni aux normes de construction actuelles ni aux nouveaux « codes » de management d’un grand groupe international tel que celui-ci (plus de 40 milliards de CA au total, une présence dans 67 pays et plus de 179 000 collaborateurs).

« La façon de travail a bien changé aujourd’hui, explique le directeur des ressources humaines France de Saint-Gobain, Régis Blugeon. Les équipes de travail sont plus réactives et proches physiquement pour favoriser l’efficience grâce à la transversalité ». Le mode collaboratif sera donc largement privilégié et appliqué à tous les niveaux et fonctions de l’entreprise.

Le nouveau siège social Saint-Gobain, un IGH pas comme les autres

Installés dans des openspace, toutes les équipes managériales, regroupées par marques ou fonctions vont devoir apprendre à travailler ensemble, « dans le respect des uns et des autres », souligne Régis Blugeon qui précise que « les espaces de bureaux collectifs regrouperont des équipes de 15 à 20 personnes ». Le responsable organise d'ailleurs des webconférences trimestrielles auprès des futurs occupants pour leur expliquer l'état d'avancement du projet.

Des espaces de réunion adjacents, dont quelques-uns équipés de vitrages de la marque Privalite (occultants) assureront cependant la confidentialité de certains échanges. Afin d’assurer le confort des salariés, leur employeur a mis en scène quelque 80 matériaux et solutions du groupe dont le vitrage, l’isolation thermique et acoustique, ou encore les cloisons de dernière génération du groupe (voir ci-dessous)

Autre caractéristique : l’omniprésence et à tous les étages des espaces verts (des espaces où il ne sera pas possible de fumer, la tour étant « non-fumeur »). A noter des serres largement arborées en pied et tête de la tour. ©F. Leroy

Béton coulé en place sans poutre porteuse

La tour a été imaginée comme un empilement de trois prismes de verre, (sur 165 m de hauteur totale) dont le dernier, un « cristal » de verre de 8 étages et 40 m de hauteur coiffe le sommet de la tour en porte à faux. Marc Guerpin, directeur grands projets au sein de Vinci Construction, via sa filiale Bateg, évoque des choix techniques inédits face à la complexité de l’ouvrage due en partie à un environnement dense et urbain.

Tout d’abord, le plancher est réalisé avec un béton précontraint par post tension, un procédé qui permet de comprimer le béton par des câbles tendus entre les deux extrémités d’une dalle. Avantage : la technique garantit la modularité et la souplesse de l’ouvrage, en supprimant « les poutres porteuses encombrantes qui auraient compliqué la réalisation de l’édifice » explique le responsable de Vinci Construction. Une opération source de gain de temps, encore rare en France, mais fréquemment utilisée en Asie et moyen-orient selon le spécialiste.

Autre choix technique retenu par l’entreprise pour réaliser le noyau de la tour : une méthode de construction dite traditionnelle, c’est à dire, étage par étage avec des banches, sans outil auto-grimpant (qui sont des outils complexes souvent montés sur vérins hydrauliques et qui assurent les coffrages).

Cette méthode couplée à la réalisation du plancher permet d’apporter plus d’ordonnancement dans la conduite du chantier et « optimise la production en évitant le décalage des équipes qui réalisent le plancher et le noyau, tout en sécurisant le travail des collaborateurs » spécifie Marc Guerpin. Il faut ainsi compter 6 jours pour réaliser le gros oeuvre d’un niveau, avec ces méthodes de travail.

6 jours seront nécessaires pour réaliser le gros oeuvre d’un niveau, selon une méthode dite traditionnelle, étage par étage et à l’aide d’un plancher réalisé en béton précontraint par post tension, sans poutre porteuse. ©F. Leroy

21 semaines pour réaliser un étage complet

Après cette étape du gros oeuvre, les équipes sur place (entre 400 et 550 personnes maximum par jour) réalisent les réseaux techniques puis la pose des façades (6 jours pour la pose des façades). S’y ajoutent la pose des plafonds et les flux des planchers techniques qui incluent de nombreux câblages informatiques, électriques et de réseaux.

La dernière étape consiste à réaliser la mise en oeuvre des enduits et finitions. La réalisation d’un étage complet demande par conséquent 21 semaines de travail, selon le directeur grands projets de Vinci Construction.

Ce planning qui se caractérise par un enchainement des tâches tous corps d’état au plus près de la production du gros oeuvre repose sur une organisation du travail à la demi-journée et en quart de plateau. « Chaque semaine l’ensemble des chefs des opérations se réunissent et font un planning sur la base d’une « semaine moins 1 » pour gérer la coactivité sur les niveaux de la tour » précise Marc Guerpin.

Quelque 6 jours sont nécessaires pour réaliser la pose de la façade sur un niveau. ©Saint-Gobain FFB UMGO

Un projet Full Bim

Les équipes de Vinci construction et de Saint-Gobain ont mené le projet de construction en Full BIM (Building Information Modeling), ce qui signifie que la maquette numérique a été intégrée dès la conception de l’ouvrage et déployée pour réaliser l’ensemble des travaux. « C’est avant tout une nouvelle manière de travailler qui a été bénéfique, en raison de l’enjeu le plus fort et le plus complexe, représenté ici par la Tête de la tour » précise le directeur grands projets de Vinci Construction

Autre avantage du BIM, la fiabilité de la production grâce à la possibilité pour les équipes de disposer des informations en temps réel. Les équipes ont ainsi pu évaluer les difficultés éventuelles dès le départ (grâce aux schémas de coupe du bâtiment à la demande) et assurer des autocontrôles de qualité préalablement à la réception.

A noter que les équipes de R&D du Saint Gobain et de Glasssolutions ont utilisé la maquette de l’architecte pour développer la physico-réalité. Elles ont conçu en particulier un nouveau logiciel qui a permis de modéliser la façade et de simuler le rendu réaliste du vitrage. Un outil qui a permis à l’architecte d’arbitrer le choix du verre du verre de la façade.

La tête de la tour recevra des vitrages pesant jusqu’à 800 kg pour une hauteur dépassant les 4 mètres. Ce qui suppose de déployer une charpente métallique avec des bi-mats de 30 m de hauteur.©Valode& Pistres

Les 80 solutions de Saint-Gobain

Vitrage, isolation, qualité de l’air, sécurité… ont été traités avec les dernières technologies développées par les filiales de Saint-Gobain. Ainsi, en matière de vitrage, SageGlass, un vitrage qui se teinte ou s’éclaircit automatiquement en fonctions des conditions extérieures habillera la tête de la tour.

La façade du corps de la tour, elle, sera constituée de l’association de différents vitrages : à l’extérieur, un simple vitrage de contrôle solaire apportera un confort visuel aux occupants du bâtiment.

A l’intérieur, un double vitrage à faible émissivité (intégrant un verre feuilleté acoustique) limitera les déperditions de chaleur vers l’extérieur en assurant une bonne isolation thermique. Enfin, un système de store interne pourra permettre de réduire les apports solaires. Un système de verre agrafé sur le socle et la tête de la tour, aura pour effet d’augmenter la luminosité et d’intensifier l’impression de légèreté.

Dans les sanitaires, à noter un vitrage sérigraphié et esthétique sur lequel reposent des miroirs fabriqués sans substance toxique contribuant au maintien d’un air sain, indique Saint-Gobain. ©F. Leroy

Isolation maximale pour favoriser le confort thermique

Pour assurer le confort thermique du bâtiment, des plafonds Plafometal assurant le chauffage et le refroidissement par rayonnement seront mis en oeuvre sur les plateaux des bureaux. Intérêt du système : leur température homogène est associée à de faibles mouvements d’air.

Notons également au titre du confort thermique l’utilisation de la laine de laitier Coatwool de Eurocoustic, autre filiale de Saint-Gobain, projetée sur les sous-faces de dalles ou sur les planchers des étages, affichant une faible conductivité thermique certifiée.

En termes de confort acoustique, les plafonds Ecophon pourvus d’un garnissage de voile et de laine minérale réduisant le phénomène de réverbération, et capotés d’une plaque de plâtre, offriront de bonnes conditions de travail aux salariés en open space, assure le groupe.

Enfin, autre type de confort, et non des moindres, le confort visuel grâce à la mise en oeuvre de sols décoratifs Weber coulés en grande partie sur un plancher chauffant avec une sous-couche acoustique en fibre de verre réduisant les bruits d’impact.

Pour clore cette liste de solutions trop longue à énumérer intégralement, notons l’utilisation de plaques de plâtres et plafonds déco Placo dotés de la technologie Activ’Air. Elles captent et transforment le formaldéhyde, polluant de l’air intérieur issus des mobiliers (bois traités, peinture, colles) en composé interne dans l’air ambiant.

Vinci Construction réalise actuellement 4 projets d’envergure dans le secteur de la Défense : la tour Saint-Gobain, la tour Trinity, la tour Hekla -en phase de démarrage-ainsi que la nouvelle gare cathédrale Eole sous le CNIT (prolongement de la ligne E). Enfin, le groupe construit son nouveau siège social au-dessus de la future gare de Nanterre... ©F. Leroy

Source : batirama.com / Fabienne Leroy