Vaccination, passe sanitaire… Ce qui est désormais préconisé pour les femmes enceintes

Vaccination, passe sanitaire… Ce qui est désormais préconisé pour les femmes enceintes

« Enceinte de moins de trois mois, je ne suis pas autorisée à me faire vacciner avant le mois de septembre. Mon conjoint est restaurateur et je suis tous les jours au restaurant. Vais-je devoir me faire tester tous les deux jours ou va-t-il y avoir des dérogations ? » nous demande Céline, de Frontonas (Isère).

Comme Céline, vous êtes toujours nombreuses (et nombreux) à nous interroger sur la vaccination des femmes enceintes contre le Covid-19. L’occasion de faire le point en trois questions, alors que la secrétaire d’État à l’économie sociale, solidaire et responsable Olivia Grégoire, enceinte, a reçu sa deuxième injection devant les caméras mardi 27 juillet, justement pour rassurer les femmes enceintes au sujet de la vaccination.

Sera-t-il possible de se faire vacciner dès le premier trimestre de grossesse ?

À l’Assemblée nationale, mardi 20 juillet, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a assuré lors d’une séance de questions-réponses au gouvernement que le premier trimestre de grossesse ne constituait pas une contre-indication à la vaccination, ouvrant ainsi la voie à la possibilité, pour les femmes enceintes de moins de trois mois, de recevoir une injection de vaccin à ARN messager (Pfizer-BioNTech et Moderna). « Il y a indication à vacciner, quel que soit le stade de la grossesse », a confirmé le ministre de la Santé juste avant de vacciner Olivia Grégoire, enceinte de cinq mois, à l’hôpital Necker, à Paris.

Jusque-là, les autorités sanitaires ne recommandaient la vaccination qu’à partir du second trimestre de grossesse. Le Collège des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) le recommandait également par « principe de précaution ».

« Environ 10 % des femmes font une fausse couche au cours du premier trimestre de la grossesse, nous explique le professeur Cyril Huissoud, gynécologue obstétricien à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, et membre du Collège. On ne voulait pas que les femmes vaccinées rattachent ces fausses couches à la vaccination ». « Un lien artificiel n’aurait pas manqué d’être fait sur les réseaux sociaux et cela aurait jeté l’opprobre sur les vaccins », ajoute Olivier Picone, gynécologue obstétricien à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine), lui aussi membre du CNGOF.

Problème : cette recommandation a parfois été à l’origine d’une confusion, y compris dans les centres de vaccination. « Certains en ont déduit que la vaccination était contre-indiquée pour les femmes en début de grossesse », regrette Olivier Picone.

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Plusieurs femmes nous ont ainsi écrit ces dernières semaines pour nous signaler que la vaccination leur avait été refusée dans des centres de vaccination, comme à Rennes, au cours de leur premier trimestre de grossesse. L’ambiguïté entre recommandation et contre-indication désormais levée par le ministre de la Santé, cette situation ne devrait plus se reproduire.

Vaccination, passe sanitaire… Ce qui est désormais préconisé pour les femmes enceintes

Les femmes enceintes de moins de trois mois, comme Céline, vont donc pouvoir se faire vacciner sans attendre.

Selon leHuffPost , les recommandations du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale sur la vaccination des femmes enceintes devraient d’ailleurs évoluer « dans les prochains jours », pour coller aux déclarations d’Olivier Véran.Dans son dernier avis sur le sujet, publié le 6 avril (mis à jour le 7 mai), le Conseil présidé par le professeur Alain Fisher conseillait de vacciner les femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de grossesse.

Interrogé surFrance Inter , le mardi 27 juillet, Alain Fisher confirme désormais qu’« elles peuvent se vacciner dès le premier trimestre ». « On sait qu’il faut que les femmes enceintes se vaccinent, elles sont protégées contre des accidents liés au Covid et ça protège leur bébé », a-t-il ajouté.

Les femmes enceintes doivent se faire vacciner « le plus tôt possible, c’est-à-dire dès le premier trimestre », a abondé Yves Ville, le chef de service maternité à l’hôpital Necker à Paris, en direct surBFM TV , le même jour.

De son côté, le Collège national des gynécologues obstétriciens se veut rassurant : « il n’y a pas d’effets secondaires connus pour les femmes enceintes », et ce, quel que soit le terme de leur grossesse, souligne le professeur Picone.

Des femmes ont d’ailleurs été vaccinées au début de leur grossesse, sans savoir qu’elles étaient enceintes. Pour elles, « il n’existe aucun élément inquiétant à ce jour pour la mère et pour l’enfant à naître, quel que soit le vaccin », indique le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Les femmes enceintes non vaccinées pourront-elles accoucher à l’hôpital ?

Définitivement adopté par le Parlement le 25 juillet, le projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire – qui doit encore être validé par le Conseil constitutionnel – dispose dans son article premier que le passe sanitaire sera obligatoire, « sauf en cas d’urgence », dans les hôpitaux pour les personnes qui y sont accueillies pour des soins programmés, ainsi que pour les accompagnants et les visiteurs. L’accouchement étant une urgence, il ne devrait pas être soumis à cette règle.

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La question se pose, en revanche, pour les consultations chez un gynécologue ou une sage-femme. « Il est indispensable que la prise en charge des grossesses puisse se poursuivre dans les conditions habituellement requises », ont estimé le Collège national des gynécologues obstétriciens et le Groupe de recherche sur les infections pendant la grossesse (GRIG) dans un communiqué commun, le 21 juillet.

S’il pousse les femmes enceintes à aller se faire vacciner, Cyril Huissoud assure ainsi que les membres du Collège prendront en charge chacune d’entre elles, qu’elles disposent d’un passe sanitaire ou non. « On considère que la grossesse est une situation d’urgence, parce qu’une urgence peut survenir à n’importe quel moment », justifie le gynécologue à Ouest-France.

Si le texte du projet de loi ne prévoit aucune exception pour le moment, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a promis, le 19 juillet, que « des clarifications » seraient apportées « dans les prochains jours » pour que les femmes enceintes ne soient pas pénalisées par la mise en œuvre du passe sanitaire.

Et si aucun aménagement n’est prévu, elles pourront présenter le résultat négatif d’un test PCR ou antigénique de moins de 48 heures ou une preuve de rétablissement du Covid-19 – un test positif datant d’au moins 15 jours et de moins de 6 mois. L’un ou l’autre de ces documents permettra d’accéder aux établissements concernés par le passe sanitaire à partir de début août, dont les hôpitaux, ainsi que les bars et les restaurants.

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Largement développée pendant les confinements, la téléconsultation est également possible pour certains rendez-vous. En novembre 2020, la Haute autorité de santé (HAS) recommandait d’ailleurs que le suivi de grossesse alterne « consultations à distance et au cabinet ou en maternité ». « Les téléconsultations seront possibles pour l’entretien prénatal précoce, les consultations des quatrièmeet sixième mois et la ​consultation d’anesthésie au huitièmemois », précisait-elle.

En tant qu’accompagnants, les conjoints devraient également être concernés par l’obligation de présenter un passe sanitaire dans les établissements de santé, y compris lors de l’accouchement. Ce à quoi s’oppose le Collège national des gynécologues obstétriciens : « ils ne sont pas des accompagnants comme les autres, mais de véritables acteurs de soin, argumente le professeur Olivier Picone. Ils doivent pouvoir être présents lors de l’accouchement et en post-partum, même sans passe sanitaire, et à condition bien sûr de respecter les gestes barrières au maximum ».

« Nous n’aurons, de toute façon, pas les moyens de les contrôler », prévient son confrère, Cyril Huissoud.

Qu’en est-il des femmes enceintes concernées par la vaccination obligatoire ?

Les femmes enceintes qui exercent une profession concernée par l’obligation vaccinale n’auront pas le choix. Elles devront être vaccinées au 15 octobre, sous peine de suspension de salaire – et non de licenciement, comme cela avait été envisagé dans un premier temps.

Le CNGOF avait considéré dans un communiqué en date du 21 juillet que la vaccination ne pouvait pas être imposée au premier trimestre de la grossesse, pour éviter « qu’une relation de cause à effet soit établie de façon inappropriée entre la réalisation de la vaccination et une fausse couche spontanée ». La même raison qui l’avait conduit à ne recommander la vaccination pour les femmes enceintes qu’à partir du second trimestre de grossesse.

Cette situation « peut les obliger à annoncer leur grossesse très précocement à leur employeur », soulignait également le communiqué.

Les membres du Collège que nous avons sollicités ne remettent toutefois pas en cause cette obligation dans la plupart des cas. Et insistent sur la nécessité pour les femmes enceintes de se faire vacciner. « Elles sont à risque vis-à-vis du Covid, souligne le professeur Huissoud. Les femmes enceintes infectées par le virus ont beaucoup plus de risques d’être hospitalisées ou de développer des complications liées à la grossesse, y compris lorsqu’elles ne font pas de formes graves, et y compris pour des femmes qui n’ont pas de facteurs de risques supplémentaires ».

« C’est du Covid qu’il faut avoir peur, et non du vaccin », conclut son confrère, Olivier Picone.

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