Journée internationale des droits de la femme : portraits de Marseillaises qui font l'Histoire

Journée internationale des droits de la femme : portraits de Marseillaises qui font l'Histoire

Vient la Révolution : le couvent ferme ses portes précipitamment, Désiréerejoint ses parents à Marseille. C’est le tournant : elle y croise une famille de petite noblesse corse réfugiée en France… Les Bonaparte ! Joseph et Napoléon sont frères, l’un et l’autre se sont illustrés dans leur défense de la jeune République. Napoléon Bonaparte, héros de la prise de Toulon, est général, promu à l’organisation de la défense de Marseille. Il jette son dévolu sur la jeune Désirée, la courtise et se fiance avec elle en 1795. Joseph Bonaparte a épousé Julie, la sœur aînée de Désirée, un an auparavant. Madame Clary s’exclamera « J’ai déjà bien assez d’un Bonaparte dans la famille ! ». Néanmoins, l’alliance avec les Bonaparte apporte aux Clary, protection et opportunités…

Déception amoureuse et nouvelle vie

Une nouvelle donne nommée Joséphine de Beauharnais - de son vrai nom Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie - vient bouleverser un arrangement qui semble satisfaire tout le monde. En effet, Napoléon Bonaparte, alors de retour à Paris, tombe sous le charme de cette femme de six ans son aînée. Elle est la veuve d’Alexandre de Beauharnais, révolutionnaire exécuté durant la Terreur. Napoléon Bonaparte rompt officiellement ses fiançailles avec Désirée le 6 septembre 1795 et épousera celle qu’il rebaptise « Joséphine » en mars 1796. Désirée, elle, ne désignera plus autrement la femme de son ancien fiancé que par ce sobriquet peu amène : « la vieille ».Humiliée, la famille Clary part pour l’Italie, car Joseph, beau-frère de Désirée, officie en mission diplomatique.

Paris, la Suède, le mariage

En 1798, les Clary quittent l’Italie et s’installent à Paris. Désirée y fait alors la connaissance du général Jean-Baptiste Bernadotte, farouche adversaire politique de Napoléon Bonaparte, les deux hommes se détestent. Pour Désirée, pas de doute, Jean-Baptiste incarne l’homme qu’elle attendait ! Ils se marient le 17 juin 1798, leur fils Oscar naît le 4 juillet 1799. Autour des années 1805, Jean-Baptiste Bernadotte s’illustre dans les campagnes napoléoniennes et est élevé au grade de maréchal d’Empire, soit la plus haute distinction militaire… Cette belle entente ne dure pas : Napoléon Bonaparte et Jean-Baptiste Bernadotte se brouillent de nouveau.En 1811, Désirée et son époux s’installent en Suède après que ce dernier ait été élu prince héritier de Suède. Le climat du pays et les mœurs de la cour sont insupportables à Désirée qui retourne vivre seule à Paris après quelques mois. Sa position parisienne et ses relations avec Napoléon en font une candidate idéale à l’espionnage pour son mari. De son côté, l’Empereur compte bien l’utiliser à son profit. Elle devient ainsi une sorte « d’agent double » en ces temps où les relations entre l’Empire et la Suède sont houleuses…

Fin de l’Empire, nouveau scandale

Journée internationale des droits de la femme : portraits de Marseillaises qui font l'Histoire

Napoléon abdique en 1814, revient brièvement au pouvoir pour le quitter définitivement en 1815. La France redevient une monarchie, constitutionnelle cette fois, c’est la Restauration. Désirée, qui évolue toujours dans les hautes sphères du pouvoir, s’éprend d’un certain Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII. Richelieu meurt à Paris le 17 mai 1822 sans avoir – dit-on – offert rien de plus à Désirée que de vagues promesses. Mais Désirée est si affectée qu'elle décide de porter le grand deuil, ce qui scandalise.

Son époux est entretemps devenu roi le 5 février 1818 sous le nom de Charles XIV Jean… Résignée, Désirée regagne la Suède en 1823. Elle est elle-même couronnée reine de Suède le 21 août 1829 sous le nom de « sa Majesté Desideria ». Son fils Oscar succède à son père en 1844. Désirée s’éteint à Stockholm en 1860 à l’âge de 83 ans. Elle laisse une lignée royale, dont l’actuel roi de Suède, Charles XVI de Suède… Dans les veines duquel coule un peu de sang marseillais !