Revivez la Fashion Week haute couture automne-hiver 2021-2022

Revivez la Fashion Week haute couture automne-hiver 2021-2022

modeSi cette année, les semaines de la mode ont été bouleversées par la pandémie, la saison haute couture automne-hiver 2021-2022 célèbre le retour des défilés physiques. Revivez dans cet article ces moments d’exception en vidéos.

Par Alex Kessler et Marie Courtois

Si l’industrie de la mode a connu des perturbations importantes pendant la pandémie, la haute couture a maintenu le cap et continue d'offrir de nouveaux moments sensationnels. Le calendrier de la haute couture automne-hiver 2021-2022, du 5 au 8 juillet, réunit à la fois les grands noms de la mode habituels mais aussi de nouveaux talents, élargissant ainsi le spectre de la plus ancienne et la plus prestigieuse des semaines de la mode.

L'histoire de la haute couture

Juste après la guerre, en 1945, les maisons les plus renommées – incluant Chanel, Christian Dior, Schiaparelli et Givenchy – ont été invitées par les Chambres Syndicales à présenter des collections haute couture. Les membres avaient pour mission de créer des pièces uniques respectant tout un ensemble de règles spécifiques, parmi lesquelles l’excellence créative, la minutie des détails et un nombre minimum d’heures passées à la réalisation des créations pour pouvoir être inscrits au calendrier officiel de l’événement. Depuis sa première édition, la semaine de la haute couture a marqué l’histoire de la mode avec des pièces exquises et des présentations envoûtantes. Citons le défilé Versace automne-hiver 1995-1996 au glamour éblouissant ou encore la présentation postapocalyptique de la collection Chanel automne-hiver 2013-2014.

Les défilés haute couture automne-hiver 2021-2022 en vidéos

Chanel

Au cœur du Palais Galliera, dont Chanel est le mécène exclusif, la maison offrait un instant de poésie et de délicatesse lors de la présentation de sa couture automne-hiver 2021-2022. Au détour des 37 silhouettes qui composait la collection, Virginie Viard téléportait les modèles au cœur de tableaux impressionnistes du 19èmesiècle. Édouard Manet, Marie Laurencin… Les références artistiques sont nombreuses. Les intemporels manteaux en tweed s’éclaboussent de tâches de peinture, les jupes se piquent de fleurs brodées ou de plumes et les robes s’inspirent de jardins bucoliques ou se subliment de noeuds noirs à la façon des héroïnes des tableaux de Berthe Morisot. Enfin, c'est l'actrice Margaret Qualley qui a clôturé ce spectacle dans une robe de mariée sobre mais chic ponctuée d'une voilette à sequins et d'un noeud rose dans les cheveux. D’un point de vue chromatique, les couleurs optimistes et joyeuses sont de rigueur : “J’avais envie d’une collection particulièrement colorée, très brodée (…) Parce que j’aime les couleurs dans la grisaille de l’hiver” a souligné Virginie Viard. Un doux moment suspendu dans le temps alors que la rétrospective consacrée à Gabrielle Chanel fermera ses portes le 18 juillet.

Dior

Toujours dans une volonté de mettre en avant le savoir-faire artisanal, Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de Dior, s’est concentrée sur les techniques de broderie pour cette collection haute couture automne-hiver 2021-2022 présentée au musée Rodin, à Paris. Tantôt résille tantôt filet ou encore conçue à partir de sequins, la broderie se décline sous toutes les coutures. Tout en puisant dans les racines de la maison parisienne, la créatrice italienne a redessiné les pièces iconiques Dior comme le tailleur Bar dans un esprit résolument rétro à la palette chromatique neutre sans jamais être austère qui se mêle à l’emblématique imprimé pied-de-poule et à des robes vaporeuses aux drapés élégants, signatures de la maison. Le clou du spectacle ? La robe de mariée, de couleur verte, légèrement transparente et recouverte de broderies rappelant la nature.

Valentino

Pour sa collection couture automne-hiver 2021-2022, “Valentino des Ateliers”, présentée hors calendrier à la Fondation Vuslat à Venise, Pierpaolo Piccioli rend hommage à l’art contemporain en collaborant avec 17 artistes peintres d’horizons différents. En résulte une explosion de couleurs pop et joyeuses telles que l’emblématique rouge Valentino mais aussi du rose bonbon, du jaune pétillant ou du bleu canard sur des tenues conçues à partir de plumes, de paillettes… De la robe de bal majestueuse à la combishort de party-girl en passant par des robes drapées et des chapeaux à l’allure futuriste, cette présentation en 85 looks met en lumière tout le savoir-faire de la maison italienne qui démontre que la limite entre art et mode n’a jamais été aussi floue.

Fendi

L’inspiration de Kim Jones pour cette seconde collection haute couture Fendi ? Sa fascination pour Rome et plus particulièrement, la vision de la ville italienne via la caméra du réalisateur Pier Paolo Pasolini. Dans une volonté de connecter le passé et le présent, en faisant écho à la riche histoire de Rome, Fendi a dévoilé, à travers un film réalisé par Luca Guadagnino (Call me by your name), une série de créations délicates et poétiques. Avec en toile de fond l’architecture de la Rome antique, les robes drapées inspirées de colonnes en marbre répondent à des minirobes immaculées et à des ensembles entièrement brodés de sequins. Des silhouettes aux détails minutieux dont les références à l’Antiquité sont nombreuses et réadaptées dans un contexte contemporain : les escarpins se parent de mosaïques, les boucles d’oreilles dorées prennent la forme d’amphores et se dessinent sur les sacs des scènes de vie de la Rome antique. Une collection mise en valeur par un casting 5 étoiles composé, entre autres, de Mariacarla Boscono, Amber Valletta ou encore Lily Grace Moss.

Balenciaga

Cela faisait 52 ans que Balenciaga n’avait pas présenté une collection couture. C’est désormais chose faite avec une collection impressionnante à bien des égards, qui était présentée au 10, avenue Georges V, adresse qui comprend le salon historique où se déroulaient les présentations couture de Cristóbal Balenciaga, restauré à l'identique. Ce retour à la haute couture, Demna Gvasalia, directeur artistique de la maison de luxe, l’a voulu ancré dans le réel, en réponse aux enjeux sociétaux d’aujourd’hui. Bousculant les codes de la haute couture, le défilé, mixte, présentait des silhouettes non genrées – la plupart des visages des modèles étaient, d’ailleurs, couverts -, y compris la traditionnelle robe de mariée dissimulée sous un épais voile. Eclatants de simplicité, les looks de cette collection, essentiellement monochromes, se caractérisent par leur carrure architecturale, signature de l’esthétique de Cristóbal Balenciaga, leur coupe oversize et des robes de soirée inspiration années 50. Le point d’orgue ? Une robe en trompe l’œil, brodée sur le buste de fleurs délicates, révélant dans le dos un pantalon. Des pièces, dans l’ensemble, dépourvues de détails superflus, toutefois impeccablement coupées et travaillées. Pari réussi pour Demna Gvasalia qui est parvenu à mêler le savoir-faire et l’histoire de la maison de mode dans une ère résolument contemporaine.

Jean Paul Gaultier

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Depuis qu’il s’est retiré de la mode, Jean Paul Gaultier apporte une nouvelle dimension à sa marque éponyme en invitant des créateurs à réaliser une collection couture à leur image. Pour cette première série, c’est Chitose Abe, fondatrice de la marque japonaise en vogue Sacai, qui était à l’honneur. Pour Jean Paul Gaultier, la créatrice s’est amusée à mélanger l’univers de son propre label aux codes de la maison de couture française. Les jeux de matières, les silhouettes amples, les formes hyper-structurées et expérimentales de l’une rencontrent les pièces iconiques de l’autre, avec en ligne de mire, les sous-vêtements et corsets, les bleus de travail – l’uniforme de celui qu’on surnomme l’enfant terrible de la mode – et le vestiaire marin. Une collection irrévérencieuse à l’esprit punk qui accorde une place de choix aux imprimés, comme tatoués sur la peau mais aussi au denim, matériau décontracté réinventé dans un esprit pur luxe.

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Schiaparelli

De la couleur, de la joie et des pièces aux jeux de volumes structurés : la collection haute couture Schiaparelli printemps-été 2022 de Daniel Roseberry rend hommage “au romantisme, à la démesure et aux rêves” mais aussi à l’ADN tout particulier de la maison de couture. Mélange d’un “peu de Manet, un peu de Lacroix, un peu des années 1980, un peu des années 1880, un peu de matador, un peu d'extraterrestre, un peu d'Ingres, un peu de brillant, beaucoup de couleurs”, selon les mots du directeur artistique, cette collection se veut fidèle aux pièces iconiques signées par Elsa Schiaparelli. Daniel Roseberry fait autant la part belle aux vestes Matador, revisitées de détails baroques, qu’au rose shocking et aux trompe-l’œil qui ont fait la renommée de la marque française. Mention spéciale aux bijoux dorés, tantôt audacieux, tantôt surdimensionnés, qui viennent compléter cette collection.

Armani Privé

Toile de fond de cette présentation couture, l’organza de soie brillant a façonné la plupart des looks Armani Privé, faisant écho au nom de la collection, si bien nommée “Shine”. En pantalon, en robe ou en blouse, ce tissu travaillé d'une manière particulière pour obtenir ce rendu chatoyant se décline sur une multitude de pièces avec un seul mot d’ordre : la fluidité. Cette légèreté presque aérienne est mise en valeur par une palette de couleurs pastel, du rose tendre au vert amande en passant par du beige poudré qui confère un aspect féérique aux tenues. Sublimée par des jeux de volumes, des paillettes surpiquées et de la transparence signature, cette collection créée par Giorgio Armani a offert aux invités triés sur le volet une parenthèse enchantée au sein des salons de l’Ambassade d’Italie à Paris.

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Maison Margiela

Pour sa présentation couture, John Galliano a imaginé pour Maison Margiela un long-métrage onirique réalisé par Olivier Dahan intitulé “A Folk Horror Tale” qui explique la conception des pièces maîtresses de cette collection. Une collection qui hisse la couture à un exercice de style expérimental, entre patchworks de denim ingénieux, illustrations brodées telles que des azuelos, coutures assumées et robes déconstruites. Expérimental aussi dans le processus de fabrication avec des pièces qui semblent trouées, déchirées, le tout twisté par des matières nobles et des détails méticuleux. Des silhouettes mises en scène sur des mannequins jouant les conquistadors d’une autre époque dans une atmosphère trouble et envoûtante, entre rêve et cauchemar.

Viktor & Rolf

C’est avec beaucoup de dérision que le duo Viktor Horsting et Rolf Snoeren a conçu cette nouvelle collection couture. Une collection inspirée et inspirante qui rend hommage, à leur manière, aux membres de familles royales à travers un exercice de style régressif doux-amer. Les looks complètement démesurés – aussi bien dans les proportions radicales ornées de cristaux Swarovski que les couronnes en perles multicolores – s’accompagnent de larges écharpes sur lesquelles on peut lire des slogans tels que “Always wear your invisible crown”, “Princess ? no bitch, queen !” mais aussi “Don’t be a drag, just be a queen”, clin d'oeil aux paroles de la chanson Born this way de Lady Gaga, amie proche des deux créateurs néerlandais. Une volonté aussi d’exprimer à travers ces pièces couture théâtrales une ambiguïté, entre l’envie “de se donner en spectacle” et de “sauver les apparences” selon la note accompagnant la présentation du défilé. L'ultime détail? Le lieu de la présentation : la Chapelle Expiatoire à Paris, là où Louis XVI et Marie-Antoinette ont été enterrés après avoir été guillotinés…

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Giambattista Valli

C’est entre les murs du siège du parti communiste chinois que Giambattista Valli a révélé sa nouvelle collection couture. Dans le sillage de son style inimitable, le créateur italien a révélé une panoplie de robes théâtrales dans un flot de couleurs fraiches comme du rose bonbon, du vert pistache ou du bleu turquoise, mises en lumière par l’architecture sobre et brut du lieu. Son inspiration ? Une promenade nocturne à Paris, post-pandémie, avec un léger goût pour le danger et la curiosité. En soit, “le goût du louche” selon les mots de Giambattista Valli dans une interview à Vogue.uk. Un univers inquiétant qui se transmet à travers différentes silhouettes vaporeuses sombres aux traines dramatiques et volumineuses.

Iris van Herpen

Fidèle à son style très architectural, Iris van Herpen a présenté un défilé digital composé de silhouettes 3D évanescentes et structurées et de robes fluides aux découpes latérales. Baptisée “Earthrise”, la collection met à l’honneur notre planète et l’immensité de l’espace, science qui passionne la créatrice néerlandaise depuis ses 15 ans. Une collection en 19 looks qui évoque tout autant la légèreté et la grâce des mouvements que la puissance de ces armures contemporaines, à mi-chemin entre expérimentation et poésie dans un subtil jeu de couleurs dégradées.

Charles de Vilmorin

Si Charles de Vilmorin nous a habitué à une mode colorée et joyeuse, sa collection couture automne-hiver 2021-2022 met à l’honneur un univers ténébreux et menaçant. Les looks, essentiellement déclinés dans une palette chromatique ultra sombre, mettent en scène une armée de guerrières, avec une panoplie de cache-œil de pirate et d’ongles démesurés, aux silhouettes travaillées envoûtantes. Conformément au jeu des formes qui fait la signature du jeune couturier français, les robes se parent de manches déstructurées, dans une esthétique théâtrale presque dramatique.

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Alexandre Vauthier

Ambiance western, cabaret ou seventies, la collection couture d’Alexandre Vauthier rend hommage à chacun de ces univers bien distincts. Dans une palette chromatique essentiellement noire, toutefois ponctuée par quelques looks scintillants, le créateur français vise l’excès : les robes se parent de plumes, de franges ou se portent avec des couronnes et des coiffes rappelant les couvre-chefs les plus extravagants du carnaval de Rio, les silhouettes s’accessoirisent de boots larges et de bottes de cowboy brodées. Plus encore, c’est un travail sur les matières que le couturier a expérimenté avec brio : en maniant le cuir brodé, la mousseline transparente, les cristaux, les plumes ou la fausse fourrure, Alexandre Vauthier a révélé une garde-robe fantasmée à porter lors de soirées placées sous le signe de l’audace.

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Azzaro

Pour cette collection haute couture, Olivier Theyskens, directeur artistique d’Azzaro depuis 2020, imagine un vestiaire mixte à porter toute la nuit plein d’audace et de sophistication. Des silhouettes disco entièrement brodées de sequins lumineux répondent à des smockings aux proportions affirmées et des robes sculpturales, que l’on pourrait croire créées sur le corps des modèles, aux découpes sensuelles, révélant aussi bien un décolleté profond, qu’une épaule ou une jambe dénudée. Un mélange smart de sobriété et de fantaisie contrebalancé par une palette chromatique noire et blanche ponctuée de touches argentées éclatantes.

Ronald van der Kemp

Si le recyclage fait partie intégrante de l’ADN Ronald van der Kemp, cette nouvelle collection couture ne déroge pas à la règle. Elle a été entièrement pensée et préparée à partir de matériaux upcyclés : chutes de tissus des saisons précédentes, tissus vintage, déchets d’usines… Une démarche qui s’inscrit dans une volonté de produire une mode haute couture qui ne fait pas l’impasse sur les problématiques environnementales que l’on traverse aujourd’hui. Dans sa note qui accompagne la présentation de la collection, le couturier néerlandais annonce d’ailleurs vouloir “changer les mauvaises habitudes” entreprises dans la mode : “Abandonnez l’addiction au toujours plus (…) Préparez-vous à écouter quand la nature nous appelle.” En résulte des silhouettes qui se subliment de motifs végétaux, que ce soit des bosquets de fleurs entièrement brodés, des feuilles en 3D ou des imprimés jacquards baroques. Dans un esprit femme fatale, la collection se complète de robes à l’aura magnétique, ponctuées de traines et d’épaules travaillées, volumineuses.

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Julie de Libran

Sa nouvelle collection couture, Julie de Libran la dédie aux “petites mains”, ces artisans qui travaillent dans l’ombre des directeurs artistiques. C’est de cette façon qu’elle a - accompagnée par des ateliers complices de la maison - revisité ses pièces les plus incontournables dans une version pur luxe. Ses robes, à l’allure intemporelle, se subliment de dentelle, de franges, de broderie anglaise ou se parent de strass brodés, dans un esprit résolument optimiste. Et parce que la transmission du savoir-faire artisanal lui est chère, la créatrice a fait appel à des étudiants de l’Istituto Marangoni, dont elle est la marraine officielle de l’antenne parisienne, dans la réalisation de cette collection scintillante.

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Didit Hediprasetyo

C’est sur les toits de Paris que la présentation couture Didit Hediprasetyo a été shootée. Une collection dans un camaïeu de noir et blanc qui mixe les vestiaires féminin et masculin : les tailleurs d’hommes bien coupés répondent à des robes à l’élégance intemporelle, aux découpes asymétriques. Côté hommes, les manteaux s’ornent de détails fantaisistes comme une manche en plumes ou des jeux de texture.

August Getty Atelier

Lors de la présentation de sa collection couture printemps-été 2021 en mars 2021, la maison August Getty avait bousculé les codes en présentant des créations entièrement développées digitalement. Cette nouvelle semaine de la mode est l’occasion pour elle de dévoiler enfin ces silhouettes d'avant-gardes de manière physique. Des looks aux couleurs pétillantes qui affichent des formes audacieuses et qui jouent dans l’excès. Tantôt conçues à partir de soie peinte à la main, tantôt de cuir moulé épousant les formes du corps – de manière quelques fois démesurée – les pièces de cette collection repoussent les limites de la haute couture traditionnelle. Selon le créateur, cette collection, intitulée “Tinitus”, “est un monde d’évasion”, soit une échappée dans un univers onirique.

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