Troubles du sommeil : quand bébé fait déjà ses nuits | PARENTS.fr

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À quel âge mon enfant fera-t-il ses nuits ? La naissance d’un bébé rime souvent avec nuits blanches et grosse fatigue. Mais certains nouveau-nés, même s’ils sont une minorité, restent beaucoup plus longtemps dans les bras de Morphée. Combien de temps dort un bébé ? Comment reconnaître un sommeil profond ? On fait le point.

Comment savoir si bébé est prêt à faire ses nuits ?

Avoir un bébé qui dort paisiblement toute la nuit : tel est le rêve de nombreux jeunes parents ! Si la majorité des enfants mettront des semaines pour dormir plusieurs heures d’affilée la nuit, certains nouveau-nés allongent, dès la maternité, leurs plages de sommeil. C’est ce qu’a connu Aurore, maman d’une petite Amélia de 2 mois et demi : « J’ai accouché à 17h50. J’ai proposé tout de suite la tétée à ma fille, mais elle n’a rien pris. Elle s’est ensuite endormie. Vers minuit et à 3 heures du matin, les sages-femmes sont passées me voir, mais Amélia dormait encore. C’était le premier jour. Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’étais un peu inquiète, mais je me suis dit que les 44 heures de travail l’avait certainement épuisée. Le lendemain, elle a réclamé son premier biberon à 8h puis toutes les trois heures. La deuxième nuit, elle s’est réveillée pour manger à 3h puis à 7h ». Et la petite fille a gardé ce rythme en rentrant à la maison. « J’ai accouché le mardi, et dès le samedi, elle faisait pratiquement une nuit complète. Je la couchais à 1h après le bain et son dernier biberon, et elle se réveillait à 7h du matin ».

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« Ils sont une minorité », précise la psychologue Elisabeth Darchis, mais certains nourrissons ne se réveillent qu’une ou deux fois la nuit dès la naissance. En moyenne quand bébé fait ses nuits, il a besoin de 12 à 16 heures de sommeil par jour entre 4 à 12 mois ; de 1 à 2 ans, c'est entre 11 et 14 heures ; de 3 à 5 ans, entre 10 et 13 heures ; puis au moins 9 heures à partir de 6 ans. Plusieurs raisons peuvent expliquer que notre enfant dorme plus que la moyenne. Tout d’abord, il y a les nouveau-nés qui profitent du nourrissage. « Parfois, les bébés arrivent à s'apaiser en hallucinant qu’ils tètent le biberon ou le sein de leur mère. Dès les premières heures ou jours de vie, ils font ce qu’on appelle des sourires aux anges, souvent précédés d’un petit mouvement de succion. Ces bébés qui hallucinent croient réellement qu’ils sont en train de téter et qu’ils sont dans les bras de leur maman. Dès lors qu’ils ont faim, ils vont répéter ce mouvement de succion. Cela va fonctionner une fois, deux fois… et au bout d’un certain temps, la faim va l’emporter sur la satisfaction. C’est seulement à ce moment-là, qu’ils vont manifester leur envie de manger », explique la spécialiste. Ces bébés ont presque une capacité à « s’autonomiser » et « une vie intérieure qui les aide à s’apaiser ». En effet, « en rêvant la présence de leurs parents, ils gagnent très tôt en sécurité. Ils peuvent alors prolonger leur temps de sommeil jusqu’à plusieurs heures le soir, alors qu’ils ne différencient le jour et la nuit qu'à partir du troisième mois », souligne-t-elle. L’environnement entre aussi en ligne de compte. Ainsi, le tout-petit dormira plus paisiblement dans un espace silencieux.

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Si certains bébés allongent leurs phases de sommeil parce qu’ils se sentent bien, d’autres, au contraire, dorment beaucoup car ils se sentent en insécurité. « Lorsque les parents ne sont pas vraiment disponibles pour l'enfant, ce dernier se réfugie dans le sommeil. Il arrive aussi que les nourrissons s’épuisent : à force de lutter contre la fatigue, ils pleurent, s’écroulent et restent ainsi plus longtemps endormis. De plus, le dernier biberon a aussi un impact. Dès qu’il est augmenté, par exemple sur conseil des professionnels de la petite enfance, on observe le prolongement du sommeil », explique Elisabeth Darchis. Aurore confirme ce dernier point : « Depuis quelques jours, je donne à Amélia un biberon de 210 ml avant de la coucher. Et elle se réveille à 8h », raconte-t-elle.

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Sauf exception, il est déconseillé de réveiller un bébé afin de régler son rythme de sommeil. De même, si l'interaction avec un nouveau-né est primordiale, ne prolongeons pas trop les moments d'éveil afin d'éviter une association entre éveil et plaisir et entraîner une augmentation du nombre de réveils. Il est aussi important de l'aider à distinguer au fur et à mesure le jour et la nuit, en lui faisant profiter de la lumière naturelle et en lui parlant dans la journée, et en chuchotant et en restant plus dans l'obscurité pour lui donner un biberon ou le sein la nuit. Vivre selon des horaires réguliers autant que possible pour la toilette, les jeux d'éveil ou encore la promenade engendre aussi un sentiment de sécurité.

Pour dormir, bébé a besoin du calme des parents

L’attitude des parents a une réelle influence sur le sommeil de leur enfant, bien que cela n'explique pas tout. En moyenne, les nouveau-nés qui dorment plus que les autres la nuit ont un bon poids et leurs parents essayent de ne pas manifester d’angoisse concernant leur sommeil et leur éventuelle solitude. « Ils ne se disent pas : il faut que je l’endorme dans les bras, il n’aime pas le lit… La sécurité des parents peut apaiser son bébé. Bien sûr, cela ne fonctionne pas dans 100 % des cas, mais certains petits arrivent à allonger leurs tranches de sommeil ainsi », remarque Elisabeth Darchis. Et pour cause, il y a transmission corporelle de la disponibilité des parents et de leur bien-être. Aurore estime également que sa zénitude a joué un rôle majeur : « J’étais très zen durant ma grossesse. Je suis encore sereine aujourd’hui, et je pense qu’Amelia le ressent. »

« J'entends parfois des parents dire que leur bébé ne supporte pas son lit mais en réalité, je sens que ce sont eux qui n’acceptent pas de le voir seul. Parfois aussi, dès que l’enfant geint un peu, ils le reprennent vite. Sans s’en apercevoir, ils cassent l’allongement du sommeil. Pourtant, bien souvent, bébé n'a besoin que d'une simple caresse pour se rendormir. Ils le sécurisent trop dans les bras, or, il est essentiel que l’enfant apprenne à s’autosécuriser dans le lit », insiste la psychologue.

Comment faire pour que bébé fasse ses nuits dès 1 mois ?

Il est important que l'enfant « rêve les bras de ses parents », le biberon ou le sein s’il est allaité. Comme l’explique Elisabeth Darchis, « certains bébés confondent le sommeil et l’alimentation. Ils ne peuvent pas emporter dans leur sommeil leur rêverie et leurs sensations de bien-être. Aussitôt réveillé, ils vont réclamer le sein. Dans ce cas, l’enfant ne peut pas trouver d’autonomie. Il ne peut pas « survivre » sans la présence réelle de son parent. Il faut donc essayer de le mettre au lit, une fois qu’il a bien profité de la tétée, sans trop prolonger la dépendance au bras ». Par ailleurs, selon la psychologue, les enfants qui dorment dans la chambre des parents font souvent leurs nuits plus tard. « Il y a plus de stimulations et d’interactions entre le bébé et ses parents. Les parents répondent au moindre appel et le tout-petit reste dépendant de leur présence ». La difficulté est de trouver un juste milieu car, pour rêver le nourrissage et l’amour de ses parents, il est nécessaire que le bébé ait reçu des réponses suffisantes. En effet, il a aussi besoin de ressentir qu’on s’intéresse à lui. « Il y a des mamans trop tranquilles qui peuvent lâcher leur bébé. Délaissés, ces petits vont se replier dans le sommeil », alerte Elisabeth Darchis.

Les nouveau-nés peuvent-ils être dépressifs ?

Lorsqu’un bébé dort beaucoup, notamment à la maternité, les professionnels sont très attentifs. « Ce sommeil peut révéler une fuite relationnelle », relève la psychologue. « Il y a parfois des bébés très sages, voire trop sages. On peut alors se demander si le nouveau-né ne fait pas une dépression. Il y a de nombreux phénomènes explicatifs, notamment à la suite d'une césarienne difficile par exemple, ou lorsque les parents n'ont pas eu la force de s’occuper de leur bébé ». En effet, le lien mère-enfant, particulièrement, se crée dès les premiers jours. « Pour moi, 50 % du nourrissage s’effectue avec le lait et les 50 autres avec la relation. Lorsque la maman n’est pas vraiment disponible et que le nouveau-né n’a pas un berceau psychique familial qui l’accueille suffisamment, il peut se replier. C’est ce qu’on appelle des bébés en attente. Ce petit repli n’est pas grave au début, pourvu qu’on y prête attention et qu’on les réveille au plaisir de la relation par la voix ajustée ou le contact yeux à yeux. Cela va leur donner de l’appétit et peu à peu, ils vont trouver leur rythme alimentaire et de sommeil », précise la spécialiste. Soulignons également que des bébés peuvent, à l'inverse, se replier aussi dans le sommeil quand le parent est trop envahissant.

Comment se modifie le rythme de sommeil de bébé ?

« Comme nous l’a précisé notre pédiatre, si Amélia a pris un tel rythme, il y a peu de chances que cela change », nous raconte Aurore. « Les bébés qui dorment assez bien peuvent continuer ainsi durant des semaines et des mois. À 1 mois, l’enfant dort 17 à 20 h par jour et peut ne se réveiller qu’une fois dans la nuit. Il peut y avoir quelques micro-réveils mais une caresse suffit à le rendormir. A 2 mois, le bébé est capable de faire une nuit presque complète, parfois jusqu’au petit matin, c’est-à-dire 6-7 h», précise Elisabeth Darchis. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le nombre de siestes n’influe pas sur la qualité du sommeil du soir.

Mais au cours du développement de l’enfant, plusieurs aléas vont perturber ce cycle de sommeil : l’angoisse de la séparation vers le 8ème mois, les poussées dentaires, entraînant douleurs et parfois des érythèmes fessiers (l’enfant supporte alors moins sa couche sale)… « Il y a des hauts et des bas dans le sommeil de l’enfant sans que cela ne soit pathologique», souligne la psychologue. « Certains dorment bien en vacances, alors que d’autres sont contrariés et ont du mal à trouver le sommeil. Plus tard, au moment de la crise d’opposition vers 2-3 ans, le sommeil est une nouvelle fois perturbé. L’enfant, qui dit sans cesse non à ses parents fait parfois des cauchemars la nuit », poursuit-elle. Le sommeil des tout-petits est donc un long processus qui fluctue avec le temps.

En vidéo : Pourquoi mon bébé se réveille-t-il la nuit ?

A lire aussiAuteur : Elodie-Elsy MoreauAvec Elisabeth Darchis, psychologue, spécialiste de la périnatalité et auteur du livre « Le sommeil du bébé », Ed. Philippe Duval. Article mis à jour par Marion Bellal, Journaliste