Coronavirus : Un autotest positif avec de l’eau du robinet ? Pourquoi ce n’est pas possible

Coronavirus : Un autotest positif avec de l’eau du robinet ? Pourquoi ce n’est pas possible

Edit : Ajout le 12 janvier d'une précision sur l'anticorps « coloré ».Coronavirus : Un autotest positif avec de l’eau du robinet ? Pourquoi ce n’est pas possible Coronavirus : Un autotest positif avec de l’eau du robinet ? Pourquoi ce n’est pas possible

Un autotest passé sous l'eau du robinet. Quelques instants plus tard, un résultat positif s’affiche. Voilà les images et les vidéos qui circulent depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Dans des vidéos postées sur Facebook le 8 janvier, un homme passe la partie du test contenant la bandelette directement sous l’eau. Il renouvelle l’opération sur un deuxième test, en n’appliquant cette fois-ci que cinq gouttes sur la partie du test prévue à cet effet. Les deux tests apparaissent ensuite positifs sur des photos.

L’opération a suscité de nombreux commentaires s’interrogeant sur la fiabilité des tests : « Quelle arnaque ! », « De la poudre aux yeux », « C’est quoi ce bin’s »…

FAKE OFF

Abbott, le fabricant du test visible dans ces vidéos et photos, rappelle auprès de 20 Minutes que son test doit être utilisé « avec des échantillons recueillis à l’aide d’un écouvillon nasal inséré dans les narines d’une personne ». L’entreprise dénonce la « diffusion de fausses informations ».

Pourquoi les tests sont-ils apparus positifs après avoir été passés sous l’eau du robinet ? Abbott esquisse une piste : « D’autres liquides ont des propriétés chimiques qui peuvent provoquer une réaction chimique sur la bandelette réactive, entraînant des résultats trompeurs ou inexacts. »

Des anticorps utilisés

Pour en savoir plus, on a demandé à Etienne Joly, chercheur Inserm à l’Institut de pharmacologie et biologie structurale de Toulouse. Pour comprendre le phénomène, il faut d’abord se souvenir du fonctionnement de ces tests : ceux-ci utilisent des anticorps, dont un va être « coloré » et positionné pour pouvoir migrer sur toute la membrane du test. Deux autres vont être fixés au niveau des lignes de contrôle et de test.

Coronavirus : Un autotest positif avec de l’eau du robinet ? Pourquoi ce n’est pas possible

Quand, après avoir effectué son prélèvement dans le nez, une personne met son écouvillon dans le contenant en plastique qui contient du liquide, elle dépose, si elle est infectée par le Covid-19, des protéines de virus dans ce liquide. L’écouvillon doit normalement en avoir recueilli si la personne est porteuse du Covid-19.

Les protéines virales se déposent sur la bandelette

A quoi sert ce liquide dans lequel il faut faire tremper l’écouvillon ? Il « contient des quantités importantes de détergent, et de sel, qui permettent de dissocier les particules virales, afin que chacune des protéines soit solubilisée », rappelle Etienne Joly.

Ensuite, dans les conditions normales d’utilisation d’un test, la personne qui se teste verse quelques gouttes de ce détergent sur la bandelette. Là, les protéines virales solubilisées vont se conjuguer à l’anticorps coloré et vont migrer sur la bandelette de test comme de l’eau sur un buvard.

Elles vont ensuite rencontrer les autres anticorps présents sur les lignes de test et de contrôle, ce qui fait apparaître ces deux fameuses lignes.

Pourquoi ces lignes apparaissent-elles, donnant un faux négatif, lorsque de l’eau du robinet est versée sur un test ? Serait-ce parce que cette eau contiendrait un très grand nombre de particules virales ? Le chercheur écarte cette hypothèse, « très peu probable ».

L’hypothèse la plus vraisemblable vient du mésusage de ces tests et de l’absence de détergent : « Ces tests sont basés sur la solubilisation des particules virales dans un milieu contenant du détergent, rappelle le scientifique. Si vous utilisez de l’eau du robinet, l’échantillon que vous déposez ne contiendra pas de détergent, et l’anticorps conjugué au réactif coloré aura tendance à se fixer de manière non spécifique au niveau de la bande test. »

D’autres vidéos avec du Coca-Cola, de la bière ou de la compote

En août, alors que des vidéos similaires étaient devenues virales, Akli Bouaziz, directeur scientifique des laboratoires AAZ, un fabricant d’autotests, dénonçait également un « mésusage » auprès de nos confrères de France 24 et de l'AFP : « Le fait de dériver le test et de mal l’utiliser déclenche ces deux bandes où le test semble " positif " mais il ne l’est pas. Si vous prenez le test correctement utilisé avec le réactif, vous y ajoutez une goutte d’eau, le test sera parfaitement négatif [en l’absence de particules virales]. Le réactif est absolument nécessaire au bon fonctionnement du test. »

Dans d’autres vidéos, des internautes avaient versé du Coca-Cola, de la bière ou même de la compote sur des tests PCR ou antigéniques. Là aussi, ces expériences ne démontraient pas que ces tests détectaient le virus du Covid-19 dans ces liquides.

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