« Il faut quelqu’un qui connaisse nos cheveux » : pourquoi ils confient leur tête à un coiffeur afro

« Il faut quelqu’un qui connaisse nos cheveux » : pourquoi ils confient leur tête à un coiffeur afro

Marly, 8 ans, est juché sur un rehausseur face au miroir. Un des coiffeurs du salon Natty concept, à Rennes, passe la tondeuse très progressivement dans ses cheveux crépus. Les petites boucles noires tombent sur le sol, sous l’œil de sa mère Angélique et de sa sœur Vanille. « Je lui entretenais les cheveux quand on habitait un village près de Loudéac, dans les Côtes-d’Armor, raconte la première. C’était difficile car personne ne les lui coupait bien. Dans certains salons, ils refusaient de le prendre car ils ne savaient pas s’occuper de ses cheveux. »

« Ils refusaient de coiffer mon fils »

Angélique, « maman de deux métis guadeloupéens », a appris à coiffer ses enfants en regardant « des tutos sur YouTube ». Elle qui a les cheveux lisses a découvert les trucs et astuces pour leurs chevelures aux boucles très serrées. Elle s’est aussi occupée de son mari qui a eu une expérience malheureuse chez un coiffeur du coin, pas habitué aux cheveux crépus. À Rennes, la voilà satisfaite de trouver des spécialistes des cheveux afro. « J’achète également les soins ici », ajoute-t-elle, pendant que Marly se fait faire le contour de sa nouvelle coupe.

Un peu plus loin, Naïke, 20 ans, est assise sur le fauteuil d’un bac à shampoing. Elle accompagne son petit frère. Ce mercredi d’octobre, les enfants sont nombreux dans ce salon situé à l’entrée du centre commercial Trois-Soleils, dans le centre-ville de la capitale bretonne. « Les Blancs ne savent pas souvent s’y prendre avec nos cheveux, dit-elle. Il faut aller chez quelqu’un qui les connaît et en qui on a confiance. »

« Modifier les études de coiffure »

« Il faut quelqu’un qui connaisse nos cheveux » : pourquoi ils confient leur tête à un coiffeur afro

Les cheveux frisés et crépus, naturellement secs et souvent fragiles, nécessitent un savoir-faire spécifique. « On maîtrise l’afro très, très bien, mais je n’ai pas envie de m’enfermer dans une case. Nous, on sait tout faire. On est ouvert à tout type de client et à tout type de services », insiste Ghislain Momo, le patron et créateur de Natty Concept. Ce Guyanais, coiffé de dreadlocks torsadées, se fait fort d’accueillir tout le monde quand bien des salons en France déclinent de s’occuper des cheveux crépus.

« J’invite d’ailleurs à modifier le cursus des études de coiffure, suggère-t-il. Pour l’examen, les apprentis ne travaillent que sur des cheveux de type européen… Dans la société, il n’y a pas que des cheveux caucasiens ; il y a aussi des cheveux afro ou asiatiques. »

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« Des copains voulaient me toucher les cheveux »

Dans ce salon rennais, certaines font part de la persistance de gestes intrusifs et déplacés : « Avant, j’avais des copains qui voulaient me toucher les cheveux, confie Vanille, 9 ans. Ça fait bizarre… »« Oui, moi aussi, on......

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